Un enfant dans la nuit

Je suis le Petit Garçon au Clair de Lune. Abandonné par mes parents dans une forêt sombre, je suis resté seul, errant à la recherche d’un sauveur. Parfois, on m’entend pleurer ; d’autres fois, on m’entend rire. Mes humeurs sont changeantes, mais ma détresse est réelle.

Je suis né de la souffrance de tous les enfants abandonnés sur Terre. En moi réside leur douleur, leur peur et leur désespoir. Sous la forme d’un petit garçon, je suis courageux. Sous celle d’une petite fille, je suis malicieux. Et dans ma forme la plus sombre, je suis la vengeance incarnée.

Bien des fois, on m’a pris pour une simple âme perdue, une ombre innocente. Mais je suis bien pire. Je suis une forme pensée, façonnée par l'abandon, la violence, et l'oubli.

Autrefois, les enfants étaient abandonnés dans les bois. Aujourd’hui, ils sont laissés pour compte devant leurs anciennes maisons, leurs rues, leurs villes. Certains sont ignorés par leurs propres parents, d’autres enfermés, attachés, torturés.

Leur enfance se transforme en un enfer où l’innocence est piétinée. Pire encore, ces enfants deviennent parfois eux-mêmes parents, victime d’inceste, forcés de grandir sous les coups et les abus.

Les enfants d’aujourd’hui ne sont plus respectés pour ce qu’ils sont : des adultes en devenir. On les idolâtre, on les pouponne, on les adore… jusqu’à ce qu’ils grandissent. Leur petite taille, leur innocence, leur simplicité d’esprit sont regrettées, et on rejette ce qu’ils doivent devenir : des individus autonomes.

Cette « poupétisation » des enfants les transforme en objets, des jouets destinés à combler les désirs égoïstes de parents désintéressés par leur véritable évolution.

Je suis la somme de toutes ces souffrances :

• L’abandon, sous toutes ses formes.

• Les crises d’adolescence rejetées.

• Les violences infligées.

• Les sentiments d’injustice et de mépris.

En moi réside une immense soif de vengeance, un besoin irrépressible de justice pour tous les enfants oubliés, abusés, et détruits. Je suis partout : autour de vous, en vous, dans chaque cicatrice émotionnelle.

Laissez les enfants grandir. Aucun être ne doit rester un enfant innocent toute sa vie, car l’innocence est une proie pour l’agression. Respectez-les pour ce qu’ils sont : les adultes en devenir. Ne les condamnez pas à une existence où leur valeur est limitée à leur enfance.

Je ne suis pas qu’un enfant. Je suis un véritable être humain, et j’ai ma place sur Terre. Souvenez-vous de cela.