Une coquille blanche
- Nicolas Voirin
- 2 avr.
- 2 min de lecture
Je suis l’ingérence, l’intrigante, la timide et douce : capricieuse.
À l’aube des temps, alors que les prémices de votre espèce humaine balbutiaient à peine, une étrange sensation a envahi certains groupes humains, bien antérieurs à vous. Cette sensation, c’était le caprice.
Né d’un désir indicible d’obtenir immédiatement quelque chose, sans conditions. Un besoin irrationnel dans un monde sauvage et hostile, où les ressources matérielles et alimentaires étaient extrêmement limitées, voire inexistantes. Le caprice est apparu dès l’origine des espèces humaines.
Il fut la première étincelle du conflit. Cette subtile impulsion a provoqué, des milliers d’années plus tard, des guerres innombrables.
Le besoin d’avoir ce que l’on ne possède pas, tout de suite et sans attendre.
La violence humaine est née de sa condition misérable et soumise. Une espèce en apparence faible, inadaptée à un environnement aride et sec, peuplé d’animaux bien plus grands, qu’ils soient carnivores ou herbivores. En très peu de temps, l’humain développa l’envie, le besoin, la nécessité irrationnelle d’avoir plus pour se sentir bien.
La jalousie envers les autres espèces, mieux adaptées, plus fortes. Le besoin vital de manger, de survivre, d’affronter ses peurs et de défier le danger pour obtenir ce qu’il désire.
Voici l’origine de l’espèce humaine : se battre pour avoir ce qu’elle veut, car rien ne lui a jamais été offert. Ce monde ne lui a pas fait de cadeaux, et aujourd’hui, elle lui rend tout… mais peut-être trop.
La coquille humaine, si fragile, si enviée – cette sécurité, cette beauté, dans un environnement artificiel – n’est qu’une mésaventure issue de sa condition d’être vulnérable et inadapté.
Comprenez bien ceci : vous avez été créés ainsi. Vous êtes le fruit attendu de votre propre développement dans un monde qui n’était pas fait pour vous.
Vous étiez destinés à devenir violents, dangereux, territoriaux, agressifs, conquérants. C’est le propre de votre espèce : une espèce combative, car fragilisée par ses multiples faiblesses.
Mais ce développement n’était pas une fin en soi.
Grâce à l’évolution de votre condition et à votre lente transformation intérieure, vous êtes aussi capables de grandes choses. La compassion, l’altruisme, la solidarité, le partage et la générosité sont des principes que vous avez appris avec le temps, la patience, l’observation, la réflexion et le recul.
Quand vous avez enfin pu créer un espace rassurant, vous avez pu vous recentrer et découvrir votre force intérieure. Mais ce développement n’a pas été linéaire, ni généralisé. Pourtant, il représente le but ultime de votre expérience d’évolution et de cohabitation avec le monde.
Apprendre que cette étape de lutte n’est plus nécessaire. Et que vous pouvez maintenant avancer autrement.
Comprendre l’origine de toute chose, c’est savoir dans quelle direction aller.
Vous êtes désormais informés. Vous pouvez comprendre et choisir de devenir meilleurs que la condition imposée à vos origines. Vous pouvez vous libérer de vos chaînes : la peur, la honte, et le caprice originel.
Acceptez vos imperfections. Créez le meilleur de vous-mêmes.
Il est temps. Et vous en êtes capables.




